Éducation : nos parents et nous !

Dans cet article, nous nous inscrivons dans une logique de partage d’expériences. Nous sommes allées à la rencontre d’une jeune fille que nous choisissons de nommer *Elle* pour protéger l’identité de notre interlocutrice. Elle a accepté partager avec nous, 5 années de sa vie qui révèlent bien comment nos parents influencent nos choix personnels.

Découvrez notre entretien ici !

Moi : À quand remonte ton histoire ?

Elle : L’histoire remonte à environ 5 ans, je venais fraichement de terminer ma licence, et je travaillais à l’épicerie de même que mon copain. On a commencé à se voir, j’étais toute seule, un jour il m’a dit qu’il fumait et j’ai voulu essayer aussi ; je suis allée chez lui et nous avons commencé par discuter. Ensuite, le lendemain il est venu me chercher à la fin de mon shift en voiture, il m’a amené au stade olympique, puis à la fin de la sortie, il m’a embrassé et c’est le début de notre relation.

Moi : qu’est-ce qui s’est passé?

Elle : À la base, je ne savais pas que c’était une relation sérieuse, je pensais qu’on serait juste ami et se fréquenter. Je suis allée en vacances et au retour c’était devenu sérieux. Il était romantique, il m’amenait dans les restaurants, il payait les factures. Il était vraiment gentil. Même pour me demander si j’allais sortir avec lui il s’était mis à genou. Je n’avais pas l’habitude de vivre ces genres de choses. Voilà ce qui m’a plu. C’était un gars avec qui je pensais faire ma vie, je me suis laissée aller à lui. Je me sentais en confiance, il m’aidait beaucoup et il était toujours présent.

À un moment donné, ma sœur ainée a accouché ; et notre tante qui vit à l’extérieur est venue nous rendre visite. Je lui ai moi-même présenté mon copain sachant qu’elle pouvait me comprendre, car je la prenais comme quelqu’un qui a vécu à l’étranger et qui est ouvert d’esprit. Je lui dis aussi mes inquiétudes par rapport à mon père qui ne sera pas d’accord avec la relation, car mon père avant notre voyage au Canada nous a mentionné qu’il ne voulait pas de blancs.

Moi : quelle était ta relation avec ta famille?

Je reconnais que j’étais tellement dans ma vie romantique que je me suis éloignée de ma famille. Je passais plus du temps avec lui, nous étions toujours dans notre bulle. Ma tante voulait que je rentre chez ma sœur pour l’aider à cause du bébé. Donc toute les fois qu’elle appelait je n’étais pas présente. Elle a appelé les parents et les informe que je suis en relation avec un blanc. Et les messages ont commencé, j’avais tellement peur de lire les messages, les appels tombaient, mais j’avais peur de décrocher les appels. C’est comme si mes parents étaient Dieu. Les menaces comme « je ne suis plus ton père, tu n’es plus mon enfant, je ne suis plus ton papa ». Comme si j’avais tué quelqu’un ou quelque chose de terrible. Ma sœur me mettait aussi la pression, car je devrais revenir à la maison. Pour moi, je suis jeune et je voulais faire des expériences. Je suis revenu à la maison, pour un bout, par la suite je suis retournée avec mon chéri, mais j’aurais dû arrêter la relation à ce moment.

Moi : Comment as-tu vécu ce changement ?

La pression que j’avais, je l’ai mise sur ma relation. Même si je disais que tous les évènements ne m’affectaient pas et je voulais que mon copain soit parfait comme moi je veux comme ça je dirai à mes parents vous avez tort, c’est une bonne personne, et je lui mettais la pression. J’ai mis la pression dans mon couple et je ne vivais plus pour moi ; je vivais pour mes parents. Je n’ai pas parlé à mes parents pendant 3 et demi, je lui écris des messages sans réponses, je voulais jouer aussi à la dure, mais au fond de moi ça m’affectait le fait de ne pas parler à mon père. Je me suis éloignée de tout le monde de telle sorte que j’appelle ma mère seulement quand je suis chez ma sœur j’ai l’impression que je devrais faire un choix choisir entre mes parents et lui. Et le choix dans le temps était mon copain, je me suis dit peut-être que ça va marcher et qu’à la longue mes parents finiront par accepter. J’ai même pensé à tomber enceinte pour obliger mes parents à accepter la relation puisque moi je voulais coute que coute être avec lui. Mais je pense que c’est une mauvaise idée, car je suis certaine que si je tombais enceinte mes parents vont renier l’enfant. Mon père ne va jamais accepter.

Moi : Quelle était ta relation avec ton père avant ta relation amoureuse ?

Mon père et moi avions une bonne relation. On parlait pratiquement tout le temps, on avait des projets. Je voulais travailler avec lui, on passait assez de temps quand il venait nous rendre visite. Mais j’avoue qu’avant la rencontre avec mon copain ; je priais beaucoup, mais après j’ai arrêté de prier, il y avait de bons côtés et de mauvais côtés.

Moi : as-tu toujours eu le soutien de ton père?

Pour les études et l’éducation, mon père m’a toujours soutenu, mais je n’avais pas l’habitude de raconter à mon père mes relations amoureuses. Avec eux, c’était le basic, j’avais une relation normale entre père et fille, et le fait de vivre à l’étranger, j’ai d’autres préoccupations du coup notre relation était simple, pas de problème ; aucune chicane.

Moi : était-il facile pour toi de faire 3ans et demi sans parler à ton père ?

Rire et pleurs ! j’ai eu beaucoup d’anxiété, je faisais de la dépression ; j’étais vraiment down, je n’étais pas épanouie, il avait quelque chose qui manquait dans ma vie. Je voulais réussir à coup sûr, et je mettais la pression, je me comparais beaucoup aux gens ; et cela me ralentissait ; je n’ai pas évolué et je suis restée exactement à la même place où j’étais. J’étais bloquée dans mon évolution ; et je n’étais pas bien ; j’étais fermée sur moi-même. Sincèrement, c’est traumatisant. Car si tu as un parent qui te soutient, qui t’écoute, à qui tu peux tout dire, je suis convaincue qu’à force de lui parler, j’aurais pu me retrouver et faire les choses autrement. Peut-être que je me suis trompée dans mon choix, mais mes parents ne m’ont pas aidé. Les parents doivent avoir une relation ouverte avec leurs enfants. Je n’avais personne à qui parler de nos relations et plusieurs choses s’accumulaient. Et je gardais tout pour moi.

Moi : est-ce que la dégradation des liens avec ton père a contribué à votre rupture?

Oui ! En autant que je mettais la pression à mon copain, c’est ma faute ; mais il y a aussi beaucoup de choses qui ne marchaient pas vu que personne ne me soutenait. Je suis aussi contente que la décision de se quitter venait de lui. Moi j’essayais de le changer, je tenais qu’il soit aussi parfait que mes parents, car je voulais prouver à mes parents que c’était le bon ; qu’il fait beaucoup d’argent, car je me dis comme il est blanc s’il a quelque de chose plus, mes parents vont accepter.

Moi : Penses-tu que c’est une perte de temps?

Oui et non. L’erreur, c’est d’avoir déménagé et resté avec lui 5 ans de ma vie que je ne peux plus rattraper, je regrette un peu, mais sur le plan professionnel ; je peux dire je suis parfaitement bilingue grâce à lui. J’ai appris de cette relation ; j’ai appris beaucoup de choses.

Moi : Au regard de tout, comment te sens-tu?

Ça va. J’essaie de faire avec. Ma sœur m’a beaucoup aidé avec son conjoint ; mais grâce à Dieu, ça va ; j’ai repris la prière et je veux juste être épanouie. Avec mon père, ça va ; on se parle tout le temps. Mais lorsque les parents ne valident pas nos choix, c’est compliqué ; car celui qui fait un choix pense faire le bon choix, les parents doivent soutenir leur enfant peu importe le choix et aider l’enfant à s’améliorer. Et surtout parler avec les enfants. Si mes parents m’avaient soutenu ; les choses pouvaient se passer autrement, car le soutien des parents contribue grandement à leur épanouissement.

Moi : penses-tu que le comportement d’un ami face à cette situation t’affecterait autant?

Non ! Puisqu’on peut toujours choisir et se faire d’autres amis ; mais on ne peut pas changer ses parents. Avec l’éducation que nous avons reçue, nos parents ont un droit sur nous et nous avons toujours peur de nos parents.

            Avez- vous déjà été confronté à une situation pareille? Vos parents se sont-ils déjà opposés à l’un de vos choix ? Partagez avec nous vos expériences.

Obafunke, Osons rêver